lundi 10 août 2009

LE REVE FOU DU COLONEL-PRESIDENT TANDJA

Niger



Par Bantuonline

Mamadou Tandja a donc réussi son projet fou : imposer à ses compatriotes, contre vents et marées, une Constitution taillée sur mesure qui lui permettra de rester au pouvoir au-delà de la fin de son second et ultime quinquennat, puis, dans la foulée, d’amorcer une carrière peu glorieuse de « président à vie » à la tête du Niger.

La farouche opposition de ses adversaires, le « veto » de la Cour constitutionnelle, les mises en garde des syndicats, des partis politiques, des organisations de défense des droits de l’homme, l’extrême réserve des institutions internationales et régionales, l’Union européenne et la CEDEAO en tête, et les menaces – timorées, il est vrai - de la France n’auront pas eu raison de l’entêtement de Tandja, qui entame une carrière de dictateur à un âge, 71 ans, où il n’est pas illégitime de faire valoir ses droits à la retraite.

Au terme d’un référendum organisé le 4 août en dépit du bon sens et en violation des règles élémentaires de Droit, le « oui » l’a massivement emporté et le taux de participation serait de plus de 68%, à en croire le président d’une Commission nationale électorale aux ordres.

A n’en pas douter, un ordre nouveau règne au Niger depuis ce calamiteux référendum. Si Tandja peut pousser un « ouf » de soulagement, nombre d’observateurs s’accordent à dire le colonel-président vient d’écorner durablement l’image de son pays, mais aussi qu’il va au-devant de sérieuses déconvenues et que sa victoire à la Pyrrhus pourrait plonger le Niger, riche mais fragile, dans l’instabilité.

Pour sauver le peuple nigérien et conjurer le mauvais signal envoyé par Tandja au reste de l’Afrique, il faut espérer que ce coup de force qui ne dit pas son nom soit suivi d’une levée de boucliers et d’une série de sanctions de l’Union européenne, de la France, ancienne puissance colonisatrice, des Etats-Unis, mais aussi et surtout du Nigeria voisin, puissance régionale et poumon économique du Niger, histoire de bien montrer au septuagénaire fou du Palais de Niamey qu’on ne peut dissoudre, au gré de ses humeurs, Parlement, Cour constitutionnelle, bâillonner la presse, s’arroger les pleins pouvoirs, se tailler une Constitution sur mesure, transformer son pays en République bananière, sans coup férir.